Ateliers informatiques interactifs à Tunis

Rapport:

EMA e.V. est honoré d’avoir contribué à la première activité conjointe entre le Club DSI et l’AFTI œuvrant ainsi à la consolidation de leur nouveau partenariat à travers la co-organisation d’une journée de formation pour plus de 60 professionnels de l’informatique femmes et hommes en Tunisie afin de les doter de compétences supplémentaires compétences professionnelles sous le thème « La femme, ressource clé pour une économie numérique », le mardi 23 mars 2022 à Tunis Gammarth.

Le thème choisi pour cette édition repose sur deux constats essentiels : la sous-représentation des femmes aux postes de direction dans les domaines du numérique en général, et l’existence de préjugés et de préjugés sexistes au sein des métiers de l’informatique, ce qui conduit au renouvellement implicite des inégalités de genre.
La journée de formation Intenside a été ouverte par les présentations des deux associations tunisiennes suivies de la présentation par l’EMA de sa structure et du projet “Numérisation intersectorielle en Tunisie” dans le cadre de l’initiative spéciale Invest for Jobs, financée par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et Développement (BMZ) via sequa gGmbH.

Au cours de son discours d’ouverture, Mme Nadine Nembach, co-présidente du Réseau européen de développement de la gestion des femmes, a souligné le plafond de verre existant pour les femmes dans le monde. Elle constate que malgré des améliorations significatives dans la réussite scolaire et l’indépendance des femmes et des parallèles fondamentaux, il existe toujours un déséquilibre entre les sexes et des préjugés inconscients dans le secteur informatique.
Cette première présentation a été suivie de quatre ateliers intenses animés en parallèle par quatre informaticiens.

Le premier atelier intitulé : La Formation des Ingénieurs en Tunisie et la fuite des talents : impact sur les femmes IT, animé par Mme Nadia Lamloum, membre de l’association ATFI et Agile Coach.

Mme Lamloum a commencé son atelier avec un chiffre assez frappant : Chaque année, 2500 ingénieurs quittent la Tunisie (source Ordre des Ingénieurs Tunisiens OIT). Les pays européens et le Canada ont le plus grand besoin d’ingénieurs informaticiens.
Tout en interagissant avec les participants dans la salle, les raisons de cette fuite des cerveaux ont été discutées. Et parmi les raisons qui ont été citées, on a évoqué les salaires des ingénieurs dans d’autres pays qui sont plus attractifs, oscillant entre 2 500 et 3 000 euros par mois, en plus d’une rémunération en monnaie stable, compte tenu de la dépréciation du dinar.

Mme Ines Cheniour, PDG de COMMIT Consulting, a fourni le deuxième atelier.

Avec les participants, Mme Cheniour a discuté des  Opportunités de transformation numérique pour les femmes dans l’informatique.

Tout d’abord, le groupe a parlé des défis auxquels sont confrontées les femmes dans le secteur numérique et des possibilités de favoriser leur participation ainsi que d’écouter les points de vue et les expériences des participantes sur :

  • La question du genre dans le numérique
  • Leur vision de l’avenir du leadership
  • Ce qui constitue un bon leadership dans le monde numérique.

Mme Cheniour a souligné que les femmes doivent oser mettre en avant leurs talents et leurs compétences pour accéder à des postes de direction. “Nous sommes tous confrontés au même problème. Je crois fermement que c’est une question de génération. La prochaine génération de dirigeants sera beaucoup plus sensible à la diversité et c’est pourquoi il est important d’avoir des programmes de diversité en entreprise pour promouvoir la représentation des femmes dès aujourd’hui” elle ajoutée.

Le troisième atelier intitulé “Défis des femmes de l’IT pour s’imposer à des postes à responsabilité (CIO, CISO, CDO, etc..)” présenté par Mme. Aida Mejri, membre du Club DSI et CIO du Groupe Lilas.

Malgré le pourcentage élevé de filles et de femmes dans les écoles d’ingénieurs en informatique, Mme Mejri note un décalage entre l’obtention du diplôme et l’emploi : la part des femmes parmi les actifs occupés est de 26,5 % en Tunisie, 26,1 % au Maroc et 18,3 % en Algérie.

Pour les postes de décision, les femmes tunisiennes n’occupent que 2% de ces postes. Et paradoxalement quatre femmes tunisiennes figurent dans le top 50 des leaders de la cybersécurité en Afrique.

Revenant sur les causes de cet écart, Mme Aida Mejri, les classe en 2 catégories :

  • Causes individuelles : Les femmes perdraient tout simplement intérêt et motivation pour ces questions, au fur et à mesure qu’elles progressent dans leur carrière, ce qui pourrait être lié à la deuxième catégorie.
  • Causes sociales : Le sentiment d’indisponibilité physique et intellectuelle des femmes par les managers.
    Les normes sociales, managériales et culturelles influencent la perception qu’ont les femmes de leurs capacités et rôles dans la société et de leurs aspirations professionnelles.

Ce troisième atelier, et à travers les avis des participants, montre que si les jeunes générations changent la donne, le domaine reste largement dominé par les hommes.

Regardant ce futur où la nouvelle génération tente de changer la réalité, Mme Ines Bouharb, Directrice générale d’Excellia Capital Humain, a animé la quatrième table ronde intitulée : “La femme informatique face à l’innovation et aux emplois du futur.”

Mme Bouharb s’est référée à une recherche du CNRS menée en 2007 sur « La féminisation de la profession d’ingénieur en Tunisie : portée et signification », cette étude montre une inégalité flagrante de carrière et d’accès aux postes à responsabilité.

Plusieurs raisons sont à l’origine de cette inégalité :

Préjugés sexistes : Les principales raisons de cette faible proportion de femmes dans les emplois des TIC sont principalement dues aux stéréotypes sexistes. Cela concerne principalement le partage inégal du temps entre les hommes et les femmes pour la garde des enfants et d’autres tâches familiales ainsi que les différences d’affinité pour la technologie. L’étude fait un certain nombre de constatations intéressantes : les femmes dans les professions des TIC âgées de 30 à 39 ans sont moins susceptibles d’avoir des enfants, et dans le groupe d’âge de 18 à 35 ans, elles sont beaucoup plus susceptibles d’être célibataires et sans enfant.

L’association du secteur des TIC Bitkom a souligné que l’un des facteurs qui empêchent les femmes de choisir les pr

Stéréotypes culturels :
La culture consistant à laisser les métiers jugés difficiles ou techniques aux garçons/hommes et à orienter les filles/femmes vers des métiers favorables ou plus adéquats à l’équilibre familial (dans ses différents rôles autres que professionnels) a fortement contribué à créer une culture limitante chez les jeunes étudiantes ou diplômées.

Accès aux emplois et au réseautage :
Jonglant avec plusieurs rôles et tâches, les femmes sont moins efficaces pour entrer et maintenir leurs réseaux professionnels. Nous savons que le marché caché, les opportunités sur étagère, représentent plus de 85% des opportunités. Cela va au-delà de 90% pour les postes supérieurs. Les jeunes hommes ingénieurs bénéficient d’un effet « réseau professionnel » pour accéder à l’emploi privé, alors que les jeunes femmes valorisent les filières officielles (concours, annonces ou liens amicaux et familiaux).

 

Résolutions:

A l’issue de cette journée, des pistes de solutions et suggestions ont été proposées, sur lesquelles le Club DSI et l’association ATFI travailleront conjointement. Parmi ces recommandations, on peut citer :

Changer l’état d’esprit d’un état d’exclusion à un état d’inclusion :
Aborder l’inclusion sous l’angle de la dimension Espace, c’est s’assurer que chaque personne ou groupe se sente à l’aise dans l’environnement de formation et puisse se projeter dans un domaine de carrière lié à la formation.

Améliorer les compétences et la confiance des femmes :
Le développement est lié à la confiance en soi et à l’auto-efficacité, qui sont toutes deux essentielles à l’apprentissage et au développement des compétences. Il s’agit de s’assurer que les femmes sont encouragées à poursuivre des carrières dans le secteur numérique et sont à l’aise dans un environnement technologique.

Création de réseaux :
Il s’agit de créer l’opportunité de s’intégrer positivement dans le réseau relationnel d’un groupe. Cela implique que les femmes dans un environnement technique pourraient se sentir acceptées et reconnues pour leurs compétences, au-delà de la catégorisation de genre. Cependant, cette reconnaissance n’est pas toujours acquise.

Les femmes doivent être responsabilisées :
L’autonomisation est à la fois une méthode et un résultat. C’est la capacité de fixer ses propres objectifs et d’agir librement, mais c’est aussi l’exercice de cette capacité qui renforce le contrôle sur ses propres décisions ainsi que le potentiel d’influencer les décisions des autres. C’est la croissance du capital social, qui est une ressource personnelle dans les relations interpersonnelles (réputation, crédit, influence).

Malek Zakraoui
Project assistant PartnerAfrica Tunisia